Letters from Exile: Ch 36 The Plague
On tits, and a monstrous epidemic in Paris--no, not that one!
Bilingual edition!
(Faire défiler vers le bas pour le français.)
Helloooooo!
Here’s another installment of my little feuilleton, Letters from Exile based on some notebooks from 2016. For English, scroll down. If you’re enjoying this, think about sharing or subscribing.
Lettres d'exil: Extraits des carnets de Fally Dogswell
Un journal intime (de 2016) devenu récit sur la mémoire, la langue, et l’étrangeté elle-même.
1 & 2, 3 & 4, 5 & 6, 7 & 8, 9 & 10, 11 & 12, 13 & 14, 15 & 16, 17 & 18, 19 & 20, 21, 22 & 23, 24 & 25, 26, 27 & 28, 29, 30, 31, 32 & 33, 34, 35.
36. La Peste
Il y a une épidémie à Paris. Je l'ai vu. Épicentre—Rue Abel Hovelacque. Elle ne va pas te tuer, mais il faut faire attention quand même. J'ai trébuché plusieurs fois. Suis même tombée. Ils émergent du trottoir. Ces rondeurs des macadams. Des petites collines pestilentielles. Souvent de la taille de pamplemousses. De clémentines.
J'en ai vu en groupes de cinq ou six. Des fois seuls. Pourquoi existent-ils, ces tétons ? Il y a de la faim dans le quartier ? Sont-ils la revendication muette de femmes supprimées ? Peut-être il y des chiots rocheux, des enfants de la pierre qui attendent quelque part dans le quartier.
J'en ai vu d'autres ailleurs aussi. Et les traces des mastectomies. Faites, je suppose, sans anesthésie. Les grondements du trottoir sont passés inaperçus par les voisins. As-tu entendu, vu ces manifestations ? Ou les cicatrices plus claires sur les plates poitrines grises et vides des trottoirs ? J'en doute. Les gens ne voient rien. Même s'ils tombent. C'est juste une irrégularité quelconque. On se lève. Continue avec un genou un peu sanglant quand on doit rester par terre. Doit téter, être nourris par ce cadeau tellement inattendu.
Faut réfléchir. Peut-être je dois les peindre. Oui, un joli beige. Avec un mamelon brun foncé. Il faut être absolument narrative avec. Personne ne comprend le subtil, l'abstrait. Peut-être les mômes même en béton n'ont rien vu. Meurent quelque part de faim. Dans les coins. Avec du gravier. Je veux bien savoir à quoi, à qui ils servent ces nibards. Et regarder les petits machins grandir. Courir par les rues. Comme des sangliers. Ou des crocodiles. Des armadilles. Les éléphants. Tous sauvages. Tous durs.
Ils sont pas comme la plupart des statues. Nées comme Athéna. Jaillies d'un crâne craquelé et nourries souvent par les mots. Des idées. Marianne à la Place de la République, elle incarne quelque chose de bien précis. Plus loin, à la Place de la Nation elle a une sœur maltraitée par les graffeurs. Cette République a comme compagnons le Génie de la liberté, la Justice et l'Équité, le Travail, l'Instruction, l'Abondance et la Richesse. Ils ont grandi dans la tête de Jules Dalou pendant son exil. Finalement délivré chez lui, Dalou était plus léger, libre, pouvait sculpter mon pote au Luco, l'ivrogne rêveur Silène.
Mais ces autres. Je serais ravie et terrorisée de les voir indomptés dans la rue. Moi, faite plutôt d'eau. D'espace vide. Avec des minéraux aussi, mais pas comme il faut. Les miens, les seins à moi. Ils sont tout mous. Chez moi, ils nourrissent seulement le plaisir. Dehors, sont des signaux, des cibles. Ces deux choses mystérieuses qui me joignent, me séparent des autres. Demain, je vais revenir. Faire de la peinture. Trouver un coin caché, et attendre. C'est ça ce que font les lions en Afrique. Ils attendent leurs proies au point d'eau. Peut-être qu’ils ne viennent que les soirs. Peut-être à l'aube. Je serai là.
À suivre…
Letters from Exile: Excerpts from the notebooks of Fally Dogswell
A journal (from 2016) transformed into a meditation on memory, language, and foreignness itself.
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36. The Plague
There’s an epidemic in Paris. I’ve seen it. Epicenter—Rue Abel Hovelacque. It’s not deadly, but you still have to pay attention. I’ve tripped several times. Have even fallen. They emerge from the sidewalk. These tarry mounds. Little pestilential hills. Often grapefruit-sized. Or mandarinish. I’ve seen them in groups of five or six. Sometimes alone. Why do they exist, these little tits? Is there hunger in the neighborhood? Is it a mute protest of subjugated women? Maybe there are stony puppies, rocky kids that wait somewhere in the neighborhood.
I’ve seen others elsewhere, too. And traces of mastectomies. Done, I suppose, without anesthesia. The groans of the sidewalk passing unnoticed by the neighbors. Have you heard them, seen these apparitions? Or the scars that are lighter than the flat, grey, empty chests of the sidewalks? I doubt it. People don’t see anything. Even if they fall. It’s just some kind of irregularity. You get up. Keep going with a slightly bloody knee when you should stay on the ground. Should suck, be nourished by this ultra unexpected gift.
Better think about it. Maybe I should paint them. Yeah, a pretty beige. With a dark brown nipple. You have to be absolutely narrative about it. Nobody gets the subtle, the abstract. Maybe the kids even of concrete haven’t seen a thing. Are dying of hunger somewhere. In corners. With bits of gravel. I’d really like to know who, what these nipples are for? And to see the little things grow-up. Run through the streets. Like boar. Or crocodiles. Armadillos. Elephants. All wild. All hard.
They aren’t like most statues. Born like Athena. Sprung from a skull cracked and often nourished by words. Ideas. Marianne, at the Place de la République, she embodies something totally precise. Further along, at the Place de la Nation she has a sister mistreated by taggers. This Republic has as companions the Genius of Liberty, Justice and Equality, Work, Learning, Abundance and Wealth. They grew inside Jules Dalou’s head when he was in exile. Finally born at home, Dalou was lighter, more free, could sculpt my friend at the Luxembourg, the drunk dreamer Silène.
But these others. I’d be thrilled and terrified to see them run wild through the street. Me, made mostly of water. Empty space. With minerals, too, but less than necessary. Mine, my tits. They’re all soft. With me they nourish only pleasure. Outside, are signals, targets. These two mysterious things that join me, or separate me from others. Tomorrow, I’ll come back. Paint. Find a hidden corner, and wait. That’s what the lions do in Africa. They wait for their prey at waterholes. Maybe they only come out at night. Maybe at dawn. I’ll be there.
To be continued…
Stay tuned for your regular A Dyke A Broad newsletter on Monday, and another installment of Letters from Exile next Thursday.
À bientôt…