Letters from Exile: Ch 37 The Haircut
In which I threaten to become something, or someone, else. "Je reste jamais la même."
Bilingual edition!
(Faire défiler vers le bas pour le français.)
Helloooooo!
Here’s another installment of my little feuilleton, Letters from Exile based on some notebooks from 2016. For English, scroll down. If you’re enjoying this, think about sharing or subscribing.
Lettres d'exil: Extraits des carnets de Fally Dogswell
Un journal intime (de 2016) devenu récit sur la mémoire, la langue, et l’étrangeté elle-même.
1 & 2, 3 & 4, 5 & 6, 7 & 8, 9 & 10, 11 & 12, 13 & 14, 15 & 16, 17 & 18, 19 & 20, 21, 22 & 23, 24 & 25, 26, 27 & 28, 29, 30, 31, 32 & 33, 34, 35, 36.
37. La coupe
Oui, je serai là, si molle. Monstrueuse. Instable. Avec mes ongles qui poussent tout le temps sans cesse. Et se cassent, cachent des trucs. Les cheveux sont encore pires. Je reste jamais la même. Me transforme comme si j'étais un, un quoi ? Une fleur ? Un insecte ? Quelque chose de mythique ? Les humains, même les dieux ne deviennent pas des minéraux, mais des animaux. Parfois des plantes. Comme Cygne-Zeus qui violait Léda, la laissant éclore deux gosses. Est-ce qu'ils préféraient du maïs ou du lait ? Ils avaient au moins, des gueules humaines. Helen la plus belle de tous.
Moi, je suis plutôt grenouille. Regarde les photos. Comme je suis changée. La taille. Les cheveux. Tu sais, j'étais un œuf, un poisson. Soit je reste un peu plus moi-même—la branche greffée à l’arbre—soit je fais quelque chose de plus radical encore. Hier, je suis allée chez la coiffeuse. Sa sœur qui faisait le shampooing, m'accusait, « Vous avez des pellicules ».
-- Ah oui ? Je me demandais si je devenais autre chose encore. Une serpent-femme qui mue.
-- Vraiment beaucoup ! Elle criait. Elle attendait quelque chose de moi. Une expression de honte ? D'horreur ?
-- La piscine, j'ai dit. « Les produits chimiques. C'est pas grave ».
Elle faisait un bruit et disait quelque chose à sa sœur dans une langue chinoise. Elle aurait dû être plus patiente. Elles aussi deviennent d'autres choses. Pas des arbres ou des oiseaux, mais elles parlent en français avec les clients. J'ai vu leur mère. Elles ne marchent plus comme elle. Ont les cheveux dans un autre style. Dans leurs visages, elles ont des expressions étranges. Elles ne vont pas se rendre compte à quel point elles ont changé jusqu’à leur propre retour là-bas à la Chine. Quand leurs tantes sont peut-être horrifiées par ces deux françaises.
La sœur, elle grattait ma tête avec ses ongles. Essayait d'enlever les pellicules, et le cuir chevelu avec. Peut-être même le crâne. Cherchant à savoir si j'ai quelque chose dedans.
Attention, Madame. C'est dangereux, mettre les mains dans ma tête. Depuis l'âge de treize ans, j'attends une explosion brève, sanglante et meurtrière. Et cérébrale, bien sûr.
À suivre…
Letters from Exile: Excerpts from the notebooks of Fally Dogswell
A journal (from 2016) transformed into a meditation on memory, language, and foreignness itself.
1 & 2, 3 & 4, 5 & 6, 7 & 8, 9 & 10, 11 & 12, 13 & 14, 15 & 16, 17 & 18, 19 & 20, 21, 22 & 23, 24 & 25, 26, 27 & 28, 29, 30, 31, 32 & 33, 34, 35, 36.
37. The Haircut
Yeah, I’ll be there. So squishy. Monstrous. Unstable. With nails that grow all the time without stopping. And break, hiding things. Hair is even worse. I never stay the same. Transform as if I were a, a what? A flower? An insect? Something mythical. Humans, even gods don’t become minerals, but animals. Sometimes plants. Like Swan-Zeus who raped Leda, knocked her up with two little chicks. Did they prefer corn or milk? They at least had human mugs. Helen’s the most beautiful of all.
Me, I’m more froggish. Look at the photos. I’ve changed so much. Size. Hair. You know, I was an egg, a fish. Either I stay a little more myself—the branch grafted to the tree—or become something even more radical. Yesterday, I went to the hairdresser. Her sister who was shampooing my hair, accused me, “You have dandruff.”
“Oh, yes?” I wondered if I was becoming something else. A serpent-woman shedding her skin.
“Really a lot!” She exclaimed. She waited for some response from me. An expression of shame? Or horror?
“The pool,” I said. “The chemicals. It’s no big deal.”
She made a sound and said something to her sister in a Chinese language. She should have been more patient. They, too, are becoming something else. Not trees or birds, but they speak French with their clients. I’ve seen their mother. They don’t walk like her anymore. Have their hair in another style. On their faces, they wear foreign expressions. They won’t notice to what point they’ve changed until they go back to China. When their aunts are maybe horrified at these two French girls.
The sister scratches at my head with her fingernails. Tries to remove the dandruff, and the scalp with it. Maybe even my skull. Trying to discover if I have something inside.
Careful, Lady. It’s dangerous, putting your hands in my head. Since I was thirteen I’ve been waiting for an explosion that’s quick, bloody, deadly. And cerebral, of course.
To be continued…
Stay tuned for your regular A Dyke A Broad newsletter on Monday, and another installment of Letters from Exile next Thursday.
À bientôt…