Letters from Exile: Ch 39 The return | La rentrée
On re-entering the city. "Ciblée par ta haine ou ta peur, des fois de ta gentillesse extrême je deviens étrangère, extraterrestre, perdue."
Bilingual edition!
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Helloooooo!
Here’s another installment of my little feuilleton, Letters from Exile based on some notebooks from 2016. For English, scroll down. If you’re enjoying this, think about sharing or subscribing.
Lettres d'exil: Extraits des carnets de Fally Dogswell
Un journal intime (de 2016) devenu récit sur la mémoire, la langue, et l’étrangeté elle-même.
1 & 2, 3 & 4, 5 & 6, 7 & 8, 9 & 10, 11 & 12, 13 & 14, 15 & 16, 17 & 18, 19 & 20, 21, 22 & 23, 24 & 25, 26, 27 & 28, 29, 30, 31, 32 & 33, 34, 35, 36, 37, 38.
39. La rentrée
Maintenant, c'est moi l'extraterrestre. Surtout là-bas aux Etats-Unis où je dois me sentir chez moi. Et parfois, j’y suis. Entourée par d'autres homos. Des militantes ou artistes aussi étrangers dans le monde que moi. Mais ensuite, je me suis réveillée au son des cloches. Ciblée par ta haine ou ta peur, des fois de ta gentillesse extrême je deviens étrangère, extraterrestre, perdue.
Je mange du désespoir avec mes deux croissants. Cette foutue langue, ce monde brisé. Marina va à la piscine. Revient. C'était fermé. Marina et moi, donc, allons marcher un peu. Nous descendons l'escalier avec sa moquette douce et un peu fatiguée. Dehors, quelque chose a changé. Les trottoirs sont moins déserts. Et la rue est remplie de voitures. Elles dégorgent de leurs gens et leurs trucs. Des valises. Sacs à dos. Des petits animaux et humains. Ils crient. Ils prennent leurs places parmi les feuilles sèches du trottoir. La ville est heureuse. Ma bien aimée. Elle prend plaisir de ses habitants fourmis.
Nous marchons. Avec des pas un peu plus énergiques. Le magasin au coin est ouvert pour la première fois ce mois-ci. Et tous les cafés. Au Panthéon, il y a des étudiants. Avec leurs cahiers. Les cheveux sales et ébouriffés. Cet air de négligence cultivé. Leurs têtes ailleurs. Dans la philo, le -po. Les idées, les paroles. Ose-je dire, l'art ? Peu importe si c'est une pose. Ça m'aide. Et moi, je sens quelque chose. De dangereux. L'ouverture.
Je vois les bâtiments comme plus beaux. Plus... réveillés. On ne prend pas nos routes habituelles. Je commence à me souvenir pourquoi je voulais revenir. Pourquoi j'étais heureuse ici parmi ces pierres vieilles et usées. Les endroits qui parlent. Les statues. Les cailloux. Oui, je sais que j'ai une place. Et les mots aussi. Même fugitive, fugace. Le théâtre-là est à nous tous qui persistons. Je te préviens. Je suis dans ce fleuve. Je vais tout te donner. Le temps. La ville. Je suis sienne. Parmi les morts et les vivants bras dessous, bras dessus. Derrière moi, des ficelles de musique. Toute est clair et lumineux. Béni.
À suivre…
Letters from Exile: Excerpts from the notebooks of Fally Dogswell
A journal (from 2016) transformed into a meditation on memory, language, and foreignness itself.
1 & 2, 3 & 4, 5 & 6, 7 & 8, 9 & 10, 11 & 12, 13 & 14, 15 & 16, 17 & 18, 19 & 20, 21, 22 & 23, 24 & 25, 26, 27 & 28, 29, 30, 31, 32 & 33, 34, 35, 36, 37, 38.
39. The Return
Now, I’m the extraterrestrial. Especially there in the United States where I should feel at home. And sometimes, I am. Surrounded by other homos. Other activists or artists as strange in the world as me. But then, I wake up to the clanging of a bell. Targeted by your hate or your fear, sometimes your extreme solicitude, I become foreign, alien, lost.
I eat despair with my two croissants. This fucking language, this broken world. Marina goes the swimming pool. Returns. It was closed. Marina and I, then, will take a little walk. We go down the staircase with its soft, worn carpet. Outside, something has changed. The sidewalks are less deserted. And the street is filled with cars. They vomit out people and their things. Suitcases. Backpacks. Little animals and humans. They cry out. They take their place among the dried leaves on the sidewalk. The city is happy. My beloved. She takes pleasure in her inhabitant ants.
We walk. With steps that are a little more energetic. The store at the corner is open for the first time this month. And all the cafés. At the Pantheon, there are students. With their notebooks. Dirty messy hair. The cultivated air of neglect. Their heads elsewhere. In philosophy, politics. Ideas. Words. Dare I say—art. It doesn’t matter if it’s a pose. It helps me. And me, I feel something. Something dangerous. An opening.
I see the buildings as more beautiful. More… awake. We don’t take our usual routes. I begin to remember why I wanted to come back. Why I was happy here among these old, worn stones. The places that speak. The statues. The pebbles. Yes, I know I have a place. And words, too, even fugitive, fleeting. The theater, there, is ours, all of us who persist. I warn you. I’m inside this river. I will give you everything. Time. The city. I am hers. Among the dead and the living, arm in arm. Behind me, threads of music. Everything is bright and luminous. Blessed.
To be continued…
Stay tuned for your regular A Dyke A Broad newsletter on Monday, and another installment of Letters from Exile next Thursday.
À bientôt…