Letters from Exile: Aquatic Coda Ch 47
The Medea edition--a brief meditation on water, fire and dead Gays.
Bilingual edition!
(Faire défiler vers le bas pour le français.)
Helloooooo!
Here’s another installment of my little feuilleton, Letters from Exile based on some notebooks from 2016. For English, scroll down. If you’re enjoying this, think about sharing or subscribing.
Lettres d'exil: Extraits des carnets de Fally Dogswell
Un journal intime (de 2016) devenu récit sur la mémoire, la langue, et l’étrangeté elle-même.
1 & 2, 3 & 4, 5 & 6, 7 & 8, 9 & 10, 11 & 12, 13 & 14, 15 & 16, 17 & 18, 19 & 20, 21, 22 & 23, 24 & 25, 26, 27 & 28, 29, 30, 31, 32 & 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46.
Coda Aquatique
…Et même si j'en ai pu. Si j’apprenais à abandonner cette peau, et ce corps de l'eau pure. Relâcher les minéraux, les traces, les miettes de terre, même mes noms... Ou si je deviens cet oiseau-là. Pas un poussin mais une mouette. Le quasi dernier. Si je vole, et je crie et crie. Un compagnon de l'air et de l'eau. Alors…?
47. Pluie
Sais pas. Sais pas non plus aller jusqu'au bout. Laisser tomber. J'aurais dû. Je voulais arrêter plus tôt. Avec le conte de fée de la petite fête. Le rêve de l'amour. L'amitié. Refuge. Mais même là, nous sommes ciblés, trahis. Abattus comme des Huguenots dans nos lieux les plus saints de tous. Les églises. Les cafés. Les clubs. Hier, la semaine, l'année dernière, depuis toujours. Vingt-trois brûlés vifs à New Orleans (1973), une petit bombe à New York (1990), à Atlanta (1997). Et le massacre au Pulse, bien sûr, à Orlando il y a quelque jours, quelque décennies. Pulse. T’es déjà oublié. Et pourquoi pas ? On se trouve souvent au sols sanguinolents. Dans les bennes à ordures, un par un par un par un. Nos corps si affreusement tendres. Si nus. Et terrifiants. Regarde ! Un bras par ici, par là. La main d'Adam et la main de Dieu dans un océan chaud et désespérément rouge. Je peux plus.
Il y a un filet bleu clair dans le ciel. Le bateau est une tache dans l'océan implacable et vertueux. Vitreux. Toi, Lutèce, t'es où ? Ta lumière ? Tes pierres ? Ta langue pourrie devient des miettes d'abord, puis, de la poussière. Des cendres. Le soir, je les répands au-dessous de la mer.
Voilà ! Dans l'eau, des petites étincelles des étoiles éteintes. Regarde. Regarde. Des trous noirs. Ils trébuchent. Ils tricotent. Ils dansent de nouveau. Je vous aime, vous les lumières, mes enfants perdus. Je vous vois dans l'eau. Descendus, vous ne serez jamais de retour. Qu'est-ce que vous disiez des profondeurs si froides et si bleues ? Oublier ? Oublier ? Dois-je prendre vengeance comme l'exilée Médée, étrangère rejetée ? Combattre le feu par le feu ?
Tes enfants, ils brûlent.
À suivre…
Letters from Exile: Excerpts from the notebooks of Fally Dogswell
A journal (from 2016) transformed into a meditation on memory, language, and foreignness itself.
1 & 2, 3 & 4, 5 & 6, 7 & 8, 9 & 10, 11 & 12, 13 & 14, 15 & 16, 17 & 18, 19 & 20, 21, 22 & 23, 24 & 25, 26, 27 & 28, 29, 30, 31, 32 & 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46.
Aquatic Coda
…And even if I could. If I learned to abandon this skin, and this body of pure water. Release the minerals, the traces, the crumbs of earth, even my names… Or if I become that bird there. Not a chick but a seagull. The almost last. If I fly, and cry and cry. A companion of the water and the air. Then…?
47. Rain
Dunno. Don’t know either how to get all the way to the end. Let things go. I should have. I wanted to stop sooner. With the fairytale about the little party. The dream of love. Of friendship. Refuge. But even there, we’re targeted, betrayed. Slaughtered like Huguenots in our most sacred places. Churches. Cafés. Clubs. Yesterday, last week, last year, always. Twenty-three burned alive in New Orleans (1973), the little bomb in New York (1990), in Atlanta (1997). And the massacre at Pulse of course, in Orlando, a couple of days, a couple of decades ago. Pulse. You’ve already forgotten. And why not? We often find ourselves on bloody floors. In garbage bins, one by one by one. Our bodies which are so horribly tender. So nude. And terrifying. Look! An arm here, there. The hand of Adam and the hand of God in a hot and desperately red ocean. I can’t deal with it anymore.
There’s a light blue net in the air. The boat is a stain in the ocean which is implacable and virtuous. Vitreous. You, Lutetia, where are you? Your light? Your stones? Your rottening language become first crumbs, then dust. Ashes. At night, I cast them on the sea.
Voilà! In the water, little sparks of extinguished stars. Look. Look. Black holes. They stagger. Weave. They dance again. I love you, you the lights, my lost children. I see you in the water. Brought down, you’ll never again return. What would you recount about the so cold, so blue depths? Forget? Forget? Should I take vengeance like the exiled Medea, rejected stranger? Fight fire with fire?
Your children burn.
To be continued…
Stay tuned for your regular A Dyke A Broad newsletter on Monday, and another installment of Letters from Exile next Thursday.
À bientôt…